100 % des entreprises du CAC 40 touchent des aides publiques liées à la crise sanitaire. La grande majorité de ces aides ont été accordées sans que l’Etat exige de contrepartie sociale, fiscale ou environnementale.
Seulement six groupes sur 40 qui ont enregistré des pertes en 2020
« Allô Bercy ? Pas d’aides publiques aux grandes entreprises sans conditions » est le titre du rapport très instructif et documenté que publie l’Observatoire des multinationales.
Se basant sur les chiffres de documents officiels émis par les entreprises du CAC 40, le rapport dresse un état des lieux des sommes considérables versées par l’Etat à tous ces grands groupes, sans que la plupart de ceux-ci n’aient cessé de verser des dividendes à leurs actionnaires et de licencier.
Si le chiffre d’affaires cumulé des entreprises du CAC 40 a chuté de 12 % en 2020 par rapport à l’année précédente, le CAC 40 dans son ensemble reste largement bénéficiaire : ce sont seulement six groupes sur 40 qui ont enregistré des pertes en 2020.
Dix autres groupes présentent des profits de plus de 2 milliards. Parmi eux, certains ont été largement aidés par l’Etat. Selon la Commission européenne, la France est le pays européen qui a versé le plus d’argent (155 milliards d’euros) pour venir en aide aux entreprises.
L’Observatoire des multinationales nous apprend que « malgré les nombreux appels à suspendre le versement des dividendes, seule une minorité d’entreprises qui y étaient plus ou moins obligées les ont supprimés ».
En 2020, 51 milliards ont été versés par les entreprises du CAC40 à leurs actionnaires.
Un chiffre en hausse de 22 %, qui représente 140 % des profits réalisés par ces groupes en 2020. Afin de rendre ces chiffres exorbitants plus concrets, les auteurs du rapport les accompagnent de comparaisons.
Ces 51 milliards représentent « l’équivalent de la construction de 100 hôpitaux publics ou 1300 lycées, ou encore 36000 km de ligne ferrée TER, ou encore la rémunération des 960000 personnels soignants et non-soignants des hôpitaux publics. »
Ces aides publiques n’ont pas servi à sauver des emplois
Les géants du CAC 40 ont même annoncé plus de 60 000 suppressions de postes, dont la moitié en France. Le rapport cite les exemples de Renault, Airbus ou Safran parmi les entreprises qui ont été les plus soutenues tout en supprimant le plus d’emplois.
Même Sanofi, qui a enregistré des bénéfices records, a annoncé des suppressions d’emplois peu après s’être vu attribuer une aide publique de plusieurs centaines de millions d’euros.
Le gouvernement refuse d’imposer des conditions sociales, fiscales mais aussi écologiques aux entreprises qu’il aide.
L’Observatoire montre qu’au moins la moitié du CAC 40 continue d’augmenter ses émissions de CO2. Ces aides ne sont pas non plus soumises à une quelconque condition relative à l’égalité hommes-femmes, alors même que les femmes sont les premières victimes de la pandémie.
La CGT n’accepte pas que l’argent public, c’est-à-dire notre argent à tous, soit versé sans condition. Ce rapport apporte une nouvelle fois la preuve que, sans exigence du gouvernement, les entreprises n’utilisent pas les aides publiques pour investir et créer de l’emploi.
La CGT demande que les sommes versées par l’Etat servent directement les salariés et la transition écologique.