Alors que les négociations sur le Tafta (traité de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis) sont provisoirement suspendues, l’Europe s’apprête à ratifier un traité similaire avec le Canada : le Ceta (Accord Économique et Commercial Global).
Signé le 30 octobre dernier après plusieurs jours de blocage des parlementaires de Wallonie qui souhaitaient obtenir des garanties supplémentaires, le texte n’a pas été modifié et les déclarations annexes n’en changent pas la portée : c’est toujours un accord toxique qui sera soumis à la ratification du Parlement européen début février.
Les salarié-e-s, les syndiqué-e-s sont tous concernés par ce traité qui nous livre aux multinationales.
– Sur l’emploi
L’expérience de précédents accords de libre-échange est éclairante. L’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) a détruit des centaines de milliers d’emplois au Canada, aux États-Unis et au Mexique via le dumping social et les fusions/absorptions qu’il a engendrés. Une étude universitaire récente évalue que le Ceta pourrait mener à la destruction de 200 000 emplois en Europe dont 45 000 en France. Pourtant, les promoteurs du traité continuent à utiliser l’argument de la croissance et de l’emploi pour le défendre.
– Sur notre santé et l’environnement
Les normes en matière de pollution, de sécurité sanitaire, de sécurité au travail, etc., sont considérées comme des « barrières non tarifaires » : le Ceta a pour objectif de les supprimer ou de les réduire drastiquement.
Le traité ne reconnaît pas le principe de précaution et s’opposera à des politiques ambitieuses pour protéger les consommateur-ice-s, pour lutter contre le changement climatique ou la pollution de l’air …
_ – Sur l’économie rurale et notre alimentation
La suppression des taxes douanières agricoles accélérerait l’industrialisation de l’agriculture des deux côtés de l’Atlantique et aggraverait la crise que vivent déjà des centaines de milliers de paysan¬ne-s européen-ne-s, en les mettant en concurrence directe avec les producteurs canadiens au profit de l’agrobusiness.
En parallèle, l’ouverture du marché européen à de nouveaux OGM (Organismes génétiquement modifiés) et l’interdiction de produire des semences de ferme accroîtront la mainmise des multinationales semencières sur notre alimentation !
– Sur les services publics
Le traité va accroître la libéralisation des services publics et permettrait à des entreprises canadiennes de concurrencer des opérateurs publics au niveau local ou national. Le Ceta menacerait ainsi directement certains transports publics, services de poste et empêcherait la re-municipalisation de l’eau.
Cet accord vise à réorganiser les processus de décision et à approfondir le processus de libéralisation sans retour en arrière possible.
Ainsi, les lobbies industriels et financiers seraient directement impliqués dans l’écriture des lois et réglementations ; un système d’arbitrage sur l’investissement permettrait aux multinationales d’attaquer les États qui adopteraient de nouvelles réglementations menaçant leurs profits futurs.
Si les euro-député-e-s ne le rejettent pas lors du vote prévu au parlement le 2 février, il sera mis en application « provisoire » dès le mois de mars, en attendant les ratifications des parlements nationaux qui prendront des années !
Quatre eurodéputé-e-s socialistes se sont aujourd’hui engagé-e-s à voter contre le traité. C’est peut-être le signe que les choses commencent à basculer à Bruxelles !
Pour ces raisons, la CGT continue de s’opposer à la ratification du Ceta.
Dans le cadre de la journée européenne d’actions décentralisées du samedi 21 janvier 2017, de nombreuses actions sont d’ores et déjà prévues.
La CGT appelle toutes ses organisations, ses militants et, plus largement, tous les citoyen-enne-s à participer aux actions prévues et à en initier de nouvelles.
La carte des actions déjà prévues est disponible sur l’adresse : https://www.collectifstoptafta.org/actu/article/journee-d-action-europeenne-le-21-janvier